lundi 30 janvier 2012

Valence, muy y mucho

Valence, le 15 janvier.  en escale.
Après une tentative de départ de Valence qui s'est conclue par un retour au port et deux - énormes et délicieux - petits poissons dans ma petite assiette, avec TaraTari nous sommes restés quelques jours bloqués au port par le vent fort. Et c'est ainsi que nous avons découvert un peu de Valencia, capitale de la paella, des oranges et des fallas.

le jute navigue sur le plan d'eau de l'America's Cup
J'aurais pu écrire directement Très et Beaucoup, mais Muy et Mucho, ça fait plus local. Muy et mucho sont deux mots qui reviennent plutôt beaucoup (justement) dans les lignes de mon récit d'escale Valenciana. Jamais facile ces récits d'escales. Valence, c'était tout en très et tout en beaucoup, enfin je veux dire en muy et en mucho.

Muy bonne idée. En tout, deux arrivées à la Marina Real Juan Carlos I. Marina qui ne figure pas sur les cartes marines, mais qui a la muy bonne idée de se situer au nord de l'entrée du port de commerce et qui me permet de me reposer, puisqu'avec si peu de vent, je n'arrive pas à traverser la route des cargos qui entrent et sortent du port de commerce.

Muy bonne ambiance. Lors de la première arrivée, il était 5h du matin et j'ai appelé la Marina pour annoncer l'arrivée à la voile de TaraTari? -"Vous êtes où?" m'a demandé par VHF le marinero.
- "en approche des feux d'entrée du port, je pense être là d'ici 30 minutes, car le vent est très faible et je suis au près".
- "rappelez quand vous les passez, je viendrai à votre rencontre."
Et 3h30 plus tard, j'ai pris la VHF et appelé, en plaisantant pour cacher ma petite gêne :
- "Ici TaraTari, j'arrive... "
Le marinero arrive avec son zod, fait le tour du bateau, et comprend vite "impressionnant ce bateau! continues à la voile, jusqu'au ponton d'accueil et je t'aiderai à t'amarrer. A dans... une heure! plaisante-t-il en s'éloignant.
Une heure, héhé, il n'y a plus que 500 mètres à faire. Petit comique. Et je le rappelle par vhf "dix minutes! et je suis "déjà"arrivée, mauvaise langue!" Bonne ambiance :) Et quand à la capitainerie on lui demande de m'emmener à un ponton situé plus loin, German (c'est son nom) me dit avec son beau sourire que si je lui dis que je reste toute la vie alors ok, il me trouve une place. Un peu charmeur, le German, mais vraiment sympa. Après une longue nav, ce chaleureux et rigolo accueil est bienvenu.

Muy chic. Rituel d'arrivée, présentation des papiers de TaraTari, mon passeport et le certificat d'assurance du bateau. C'est la même chose à chaque arrivée. Mais là, on sent que la Coupe de l'America est passée par là. Gomina dans les cheveux, chemises, et un bureau presque aussi grand que le port de l'Ampolla.

Muy immense et vide. La Marina a été construite pour l'accueil de la Coupe en 2007. Elle est immense, mais vraiment. Et elle et vide. Peut-être qu'en été, il y a plus de bateaux..? Et un peu plus loin, c'est encore plus tristoune.

La Coupe est finie, le bassin est à l'abandon.
Mucho gâchis. Un peu plus loin, je découvre donc le bassin du grand événement. C'est ici qu'étaient installées les équipes qui ont participé à la Coupe de l'America. Le ciel gris n'arrange rien, c'est super triste de voir tous ces bâtiments vides et à l'abandon. Il y a encore le nom de chacune de ces équipes, et même un Classe America posé sur le bitume devant le hangar des kiwis. Quel gâchis. Cela me met très mal à l'aise, je ne m'attarde pas. On m'explique que Valence n'a pas les moyens de se servir de toutes ces infrastructures.. pourtant il y a un grand prix de Formule 1 dans quelques jours. Le circuit est sur le port. Ce serait bien que des journalistes qui suivent la Coupe reviennent un peu sur les lieux du crime pour expliquer ce qu'il se passe "après" le spectacle qui a duré quelques secondes et coûté quelques lourds millions. Il paraît aussi qu'Alinghi a offert son cata à la ville. Il n'a jamais retouché l'eau "personne n'a le niveau, ici, tu comprends". Non, je ne comprends pas trop. Je quitte ce port fantôme, écoeurée.

Mucho de vent. Un coup de vent, même dans un port, c'est fatigant. 45 noeuds, rafales à 50. Les bateaux présents dans la marina ont tous un peu souffert, quelques amarres ont lâché, mais pas celles de TaraTari. Beaucoup de vent et de pluie. J'ai eu le plaisir d'être invitée à bord du voilier d'un couple de retraités belges qui passe l'hiver ici. Ils ont été adorables avec moi et j'ai vraiment apprécié le petit chauffage électrique et leurs bons repas. Il y a pas mal de couple de retraités qui vivent à bord de leurs bateaux ici.

TaraTari est juste de l'autre côté de cette digue

Muy, mucho ou trop? TaraTari et moi recevons toujours un super accueil, mais là, c'est démesuré je trouve. A la capitainerie, on ne m'a pas offert un petit tube de crème pour les lèvres marqué Amercica's Cup, mais on m'en a offert une vingtaine. Tout est en gros et en grand. Il y a un défilé constant sur le ponton, tout le monde vient, me félicite, me traite de folle et m'offre des cadeaux. Gaspar et sa femme Lisa m'invitent chez eux pour dormir dans un bon lit. Et puis il y a Oscar qui est réellement ému par mon aventure, et Emilio, Ricardo etc. Ils sont tous tellement gentils! Je n'ai pas l'impression de mériter tout ça. C'est assez incroyable cet effet que fait TaraTari partout où nous passons. J'ai l'impression d'avoir accompli un immense exploit alors que je ne fais 'que' naviguer, à mon rythme et comme je peux. Mélange d'impressions, l'accueil est si bon qu'il en deviendrait presque oppressant.

Muy bien pour le jute. C'est Emilio qui a prévenu les journalistes et aussitôt une équipe tv est arrivée pour tourner. Le reportage est passé aux infos, le soir même. La première fois qu'ils parlent du jute me disent-ils. Comme toujours à la tv, tout n'est pas tout à fait exact (je ne pars pas faire le tour du monde etc ) mais c'est bien pour le jute et c'était l'occasion de donner un peu de visibilité en Espagne à l'association Watever qui porte le programme de recherches sur la fibre de jute au Bangladesh.
Voir le reportage


Enfin voilà, escale de très et de beaucoup, escale d'un presque trop. j'ai besoin de retrouver ma solitude et mon bien être en mer. Et pourtant même mon départ de Valence est un petit événement. Les gens se sont rassemblés en équipages pour accompagner TaraTari sur les premiers milles. Une escorte de voiliers, quel honneur! Il y avait même un Muscadet! :)

départ de Valence, le 21 janvier 2012
Gracias a todos vostros de Valencia, de la Taberna del puerto, a Gaspar y Lisa, Oscar, German, Emilio, Ricardo y a todos por vuestro apoyo y amistad.
Capucine

1 commentaire:

  1. Oui, la solitude en mer, c'est bon et en final on n'est jamais seul en mer, souvent moins en tout cas que chez les hommes...
    Bon vent Capucine !

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