mardi 21 février 2012

Life at the other Extreme

Alicante. 2 février 2012. Escale.

Non, vraiment. Vraiment pas fastoche de trouver prise électrique ET wi-fi au même endroit. A la marina d'Alicante c'est plutôt grand luxe, car en plus de la prise ET de la connexion, il y a : un canap' ET du chauffage. La grande classe. Ça fait 4 choses top confort et pourtant il y a un hic*. (*hic: de la locution latine "hic est quaestio". nom commun masculin. principale difficulté d'une affaire.) Un hic assez redoutable, un hic en cuir, un hic tout jaune et qui a la forme d'un canapé. A chaque fois que je me suis assise dans ce hic, enfin je veux dire dans ce canapé en cuir jaune et mou, il m'a semblé qu'une force surnaturelle cherchait à m'avaler toute crue dans ses coussins. Le canap' de la marina, le voilà, le hic. C'est un piège. Un piège auquel le chauffage n'arrange rien. Mais vraiment rien. Je dirais même qu'il est complice. Le canapé et son complice m'ont fait écrire des choses complètement incohérentes. Un petit moment de faiblesse, et hop, sans rien comprendre à ce qu'il s'est passé, j'ai découvert quelques instants plus tard trois lignes de "kperjaepkjrpakjekajpejadnnnnbbvcccccckjsdnoaherkajndoaennnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn" au milieu de mes explications de fabrication du loch. Complètement incohérent. J'ai relu quatre fois. Mais non, je crois que cela ne veut rien dire du tout. Ce confort jaune et mou, mi canap' mi glouton, ce caracajou snobinard et ses 25°C m'ont valu de m'endormir deux fois en pleine écriture. Scandaleux. Par souci d'efficacité et de peur que les choses surnaturelles ne deviennent plus inquiétantes, il m'a fallu changer de 'bureau'. Grâce aux circonstances et aux rencontres, j'ai changé de bureau. Et c'est ainsi que je me suis ainsi retrouvée sous 18kg de parmesan (j'aurais préféré la mimolette mais bon).


Le 'QG' de la Volvo Ocean Race est à Alicante. Et c'est là, dans la cafèt' de la plus grande course des plus gros voiliers du moment que l'aventure de Tara Tari s'est installée quelques jours. Après mon passage sur le plan d'eau de la Coupe de l'America, je me retrouve au coeur de l'organisation de La Volvo Ocean Race. La volvo, course si extrême, si lointaine à mon aventure. Et pourtant l'accueil est aussi grand que ces impressionnants bateaux. J'avais découvert le monde de la VOR il y a quelques années, en 2009 j'avais été invitée à Singapour pour l'escale locale de ces géants autour du monde.


Ces monstres m'impressionnent. Ou plutôt ce qu'endure les marins à bord. En quelques photos, en quelques images on comprend le choix de "Life at the extreme" comme slogan de la course. D'un extrême à l'autre, Tara Tari au coeur de la Volvo Ocean Race. Et malgré cet immense décalage, la grande famille VOR m'a ouvert grand les bras (et la machine à café et la connexion wi-fi) à Alicante.


Tara Tari est le voilier le plus opposé à un VOR. Les seuls points communs seraient : voiliers monocoques; ont été à Alicante; ont prévu d'aller à Miami au mois de mai. Pas grand chose d'autres. Ah si, Knut Frostad en a trouvé une autre! Car Knut, directeur général de la course a pris le temps de parler un peu avec moi. Il m'a expliqué que les gars avaient tous un sextant à bord des VOR70. Knut a été très réceptif à la philosophie de mon aventure. Tout comme Gonzalo Infante, responsable de la salle de contrôle et météorologue de la course, qui m'a fait un super briefing météo. - thanks again Gonzalo!

Gonzalo Infante, météorologue de la Volvo Ocean Race
La salle de contrôle de la Volvo est assez impressionnante. Une pièce dans laquelle on entre avec un badge spécial et qui ressemble à une cellule de crise d'une série américaine depuis laquelle on gèrerait une attaque terroriste. Dans cette pièce assez sombre, il y a des images de la course en haut des murs qui défilent sur plusieurs écrans. Au coeur de la pièce, un cercle d'écrans d'ordinateurs: sur quelques uns s'affichent des mails, sur d'autres, des cartes et la progression des bateaux. Et alors qu'il surveille ce qu'il se passe en mer de Chine, Gonzalo ouvre un petit ordi, affiche la zone d'Alicante à Gibraltar. C'est excellent et surréaliste : les VOR70 et la mer de Chine, et à 2cm de ces écrans-là, Tara Tari et la mer Méditerranée. Gonzalo me dit que les Volvo et moi prenons le même chemin, il m'indique quelques petits trucs à savoir sur les courants et les vents. Des petits trucs qu'il a expliqué aux équipages avant leur départ d'Alicante. TaraTari et les VOR, même combat pour la sortie de la Med! à quelques détails près, car si les monstres allaient chercher le vent et la pression, moi je cherche à l'éviter un peu. Le cours dure presque deux heures. Gonzalo m'aide vraiment sur ce coup-là.

Retour dans mon bureau-cafèt'. Toujours sous 18kg de parmesan et avec un bon café au lait, je discute avec Sidney sur skype. La Volvo, il connaît bien. Et ici, il y a son copain Rick Deppe qui était media man sur Puma et qui est à la direction de la com' dans l'orga maintenant. Bref, grande famille cette volvo et ces voileux en général. Ce n'est pas nouveau mais c'est toujours sympa, ces connexions. A bord de Puma, lors de la dernière édition, Sidney Gavignet avait accepté de devenir le parrain de mon projet de mini 6.50 (projet perturbé par mes problèmes de santé). Sidney, qui prépare la mise à l'eau de son MOD70 Oman Sail, m'aide, me met en contact avec des amis à lui qui sont à Gibraltar et au Maroc. j'ai été très touchée en voyant que Sidney évoquait mon aventure sur son site (sidneygavignet.com). Tout s'organise petit à petit et grâce à l'aide de tous. - Encore merci, Sidney!

Sidney Gavignet - Oman Sail

Alors voilà, à Alicante, malgré le froid, la pluie, la neige à quelques kilomètres et tout ça, j'ai trouvé un accueil bien chaleureux. Agathe Armand, rédactrice française pour le site de la course m'a même prêté son canap' (un gentil canap' cette fois, le genre de canap' qui n'est pas en cuir jaune) pour passer les nuits glaciales au chaud. Agathe a été super et c'est amusant de se dire que des amitiés peuvent démarrer ainsi, un peu au hasard des circonstances dans une ville d'Espagne, car nous ne nous connaissions pas avant. Cette journaliste a fait un joli texte sur l'escale de Tara Tari a Alicante : à lire ici. J'ai pu voir le déroulement de ses journées de suivi course assez instenses et j'ai même pu écouter en "live" sa conversation pro avec Yann Riou, à bord de Groupama! C'était super sympa d'entendre Yann, en approche de la Chine. tout ça et plus encore c'était top! Encore merci, Agathe !

En quelques jours, je me suis donc familiarisée avec l'équipe de l'organisation de la course, dans des discussions qui mélangeaient l'anglais et l'espagnol. Juste avant mon départ, j'ai reçu un joli cadeau.
2,5 kg de poulet lyophilisé pour ma traversée, de la part du bateau Telefonica! Wouaou! Ces boîtes confiées à l'orga pour le musée volvo changent de bateau et embarquent pour une nouvelle aventure. J'avais rencontré Iker Martinez, le skipper de Telefonica, sa femme et ses amis, il y a un peu plus d'un an, nous étions à la même table, dans la crêperie de Marie, à Portlaforêt. Du coup en regardant les boîtes de poulet, j'ai une minute de nostalgie en pensant aux crêpes au chocolat de Marie, mes préférées. Normal de penser à une crêpe au chocolat en regardant du poulet séché.

 Je passe du temps à bichonner Tara Tari. Faire sécher les cartes et mes affaires sur le ponton, et bricoler...  toujours quelques choses à faire.


A Lorient, Remi m'avait présenté Cécile qui, à La Ciotat, m'a fait connaître Gérald qui, de Bruxelles,  m'a mis en contact avec Pierre, à Alicante. Pierre a demandé mon numéro à Rick Deppe, l'ami de Sidney et du coup j'ai rencontré Pierre et sa femme, Iris. Pierre et Iris ont été géniaux avec moi. C'est aussi grâce à eux, à Teresa et Helena que je suis intervenue à l'OHMI, (antenne espagnole de la commission européenne, située à Alicante). Tout ça pour dire que c'est comme ça que je suis passée dans la même journée de "bricoleuse", là (-dans l'eau et la rouille) :


à "conférencière", là (- dans les prestigieux locaux de OHMI) :


Il faut savoir s'adapter à tout. C'était grandiose ce moment de partage. Presque 3h à parler de l'aventure, à répondre aux questions des uns et des autres... Parler des doutes, des moments heureux... c'était super chouette et émouvant aussi, car nous avons évoqué mes problèmes de santé et tout ce que l'aventure représentait pour moi. En plus de la conférence, un relais de l'aventure a été mis en ligne sur l'intranet de l'OHMI. - encore Merci! Iris, Teresa et Helena!


Et en fin d'après midi, je retournais sous les 18kg de Parmesan pour répondre via Skype à l'interview de Thibault et Carlo, élèves du Lycée Français de Barcelone, pour un point sur l'aventure dans leur émission radio "Café des Sport". - encore Merci Thibault et Carlo!


Et puis je suis retournée au bateau, ranger les boîtes de poulet lyophilisé.
Ah. Mais que vois-je ?
Sur les boîtes, une date de péremption.
"A consommer avant fin 2034 ".
mouai.
Je sais que je n'avance pas vite, mais tout de même.
Remarque, ça me laisse 22 ans pour arriver aux Antilles avec du poulet encore bon.

Capucine

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